La route des Rois
En général pour aller à Pétra, les
tour opérateurs font emprunter aux touristes l’Autoroute
du Désert, monotone mais rapide. Un autre itinéraire
est cependant possible par la route des Rois. Celle-ci permet de
découvrir des paysages fantastiques : on y traverse plaines
fertiles puis plateaux désertiques avant de franchir des
vallées profondes et impressionnantes (les wadis). C’est
aussi le chemin qu’ont emprunté le Hébreux lors
de l’exode. Enfin cette route permet de rejoindre la plupart
des lieux intéressants situés à l’Ouest
de la Jordanie.
Nous faisons d’abord halte au Mont Nebo. A !600 mètres
d’altitude, on surplombe tous les alentours. A l’Ouest,
la Mer Morte bien sûr et plus au loin, Israël.
Le Mont Nebo est le lieu présumé où serait
mort Moïse. Une église est bâtie sur l’esplanade
située au sommet. Très simple, elle invite à
la spiritualité et renferme de splendides mosaïques
(Ve siècle). Dehors, sur l’esplanade, le soleil décline
doucement et fait flamboyer le fantastique panorama qui s’étend
devant nous. Il règne une atmosphère particulière
: une puissante énergie, presque palpable, se dégage
de ce lieu. C’est un moment très fort.
La Route des Rois nous conduit à Madaba, petite bourgade
où vit une importante communauté chrétienne.
Nous ne sommes plus habitués à voir autant de clochers
d’églises dans une petite ville comme celle-ci…
Les mosaïques de l’époque byzantine découvertes
à Madaba sont célèbres, surtout celles représentant
la carte de la Palestine. En fait, nous sommes un peu déçus
: la valeur historique du document est sûrement exemplaire
(la mosaïque permet aux spécialistes de comprendre la
vision que les chrétiens de l’époque avaient
de leur monde) mais les fragments qui restent sont plutôt
petits et les couleurs assez ternes…
Nous campons dans la cour d’un petit hôtel où
nous avons accès à la grande salle commune et à
une salle de bains avec, ô comble du luxe, une baignoire !
Les petits sont aux anges et barbotent un bon moment !
Après Madaba, la route des Rois traverse des plateaux de
plus en plus désertiques quand, tout à coup, on atteint
le bord du Wadi Mujib : une vallée très étroite
et profonde, comme taillée dans la roche. La route plonge
littéralement dans ce canyon spectaculaire, pour traverser
1000 mètres plus bas, la rivière (à sec pour
le moment) l’Arnon (citée dans la Bible comme frontière
entre le pays de Moab et le pays d’Ammon). Il nous faut maintenant
remonter de l’autre côté de la faille…
Nous traversons de même le Wadi el Hasa, moins encaissé
mais tout aussi spectaculaire. Partout, les montagnes et le désert
déclinent leur palette d’ocre, de jaune, de marron,
de gris, de noir parfois, voire même de rouge ou de vert.
Un vrai festival pour les yeux !
Nous atteignons Kerak. Au sommet d’un promontoire surplombant
un autre wadi, les croisés ont bâti une forteresse.
La citadelle est relativement délabrée mais son réseau
de salles souterraines fait le bonheur des enfants (et des parents
demeurés un peu enfants) : petits couloirs obscurs ouvrant
sur de petites salles voûtées mal éclairées
par quelques meurtrières, escaliers grimpant dans le noir
jusqu’à des celliers aveugles… quel bonheur que
d’y jouer aux explorateurs en herbe à la lumière
d’un briquet !…
La route des Rois nous mène ensuite à Dana : il s’agit
d’un petit village perché au-dessus d’un autre
wadi. Une réserve naturelle a été créée
dans cette vallée qui s’étend de la vallée
du Rift (1500 mètres d’altitude) aux confins du Wadi
Araba (100 mètres au-dessous du niveau des océans).
Nous ne pourrons descendre au fond de la vallée mais nous
ferons quand même un petit bout de marche sur le chemin qui
plonge dans la faille, les paysages sont magnifiques.
Le village de Dana lui-même a été réhabilité
et converti à un tourisme plutôt destiné aux
randonneurs et aux routards. Nous campons près du Dana Tower
Hotel et nous y dînerons avec nos copains suisses. Sous la
tente bédouine décorée de tout un bric-à-brac
laissé par les gens de passage, un bon poêle réchauffe
l’atmosphère et nous nous vautrons avec plaisir sur
les coussins. Nous faisons la connaissance des Fabrice : deux copains,
originaires de Paris, qui font une virée de deux semaines
en Jordanie, « entre hommes ». De grands bavards, un
peu louf mais hyper attachants…
Bref, un bon moment que cette halte, dommage que le lendemain le
gérant de l’hôtel (le fameux Nabil) n’ait
essayé de nous arnaquer sur le prix de l’électricité
(avec un couplet genre « sortez vos mouchoirs » sur
le fait qu’il allait devoir payer de sa poche… ben voyons
!)
Le départ de Dana est assez épique : ça grimpe
méchant, méchant !! Pas de souci pour le Toyota et
la caravane mais le camping-car patine un peu dans la semoule…
Tout le monde pousse un grand ouf quand, enfin, nous rejoignons
tous la Route des Rois…
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