Voyager avec de jeunes enfants
C’est un tout autre voyage…
Le confort prend de l’importance et c’est bien cette
préoccupation qui nous a poussés à partir avec
une grande caravane. On se sent de vrais bourgeois lorsqu’on
rencontre ceux partis avec leur tente et leur vélos…
La logistique prend également beaucoup d’importance.
Donner les douches, préparer les repas, jouer avec les enfants,
essayer de les coucher tôt, autant de tâches qui nous
occupent bien. Notre temps personnel, celui où l’on
peut se retrouver soi-même pour lire, dessiner, écrire,
se concentre dans des moments bien définis : à la
sieste et le soir. Cela nous laisse tout de même au moins
quatre heures par jour, ce qui est un luxe inouï si l’on
considère nos vies parisiennes effrénées. Le
reste du temps il s’agit plus de « temps partiel »
: celui où les enfants jouent tous seuls (ce qu’ils
font beaucoup surtout qu’ils adorent jouer ensemble) mais
où nous sommes régulièrement sollicités
pour participer avec eux à leurs jeux.
Mais quel bonheur des les voir grandir et évoluer : Yan
qui fait de plus en plus de phrases, Paul qui découvre, interroge
et raconte. Et puis surtout, ils nous font découvrir nos
propres personnalités, nos limites, nos manies et nous poussent
à changer, à évoluer. Le temps, notre luxe
le plus précieux, est notre allié dans cette quête.
Les enfants, enfin, sont notre meilleur passeport : nombreux sont
ceux que nous rencontrons grâce à eux, à leurs
sourires et spontanéité.
Livrons ici un texte magnifique qu’ont recopié pour
nous Benoit et Luisa, un texte qui colle bien à l’idée
que nous nous faisons de notre voyage :
Le voyage - intérieur ou extérieur – n’a
pas de sens s’il n’est pas justement un chamboulement
constant des attitudes que l’on avait au départ. Ou
un ajustement. On ne voyage pas pour confirmer un système,
mais pour en trouver un meilleur, auquel on fera bien d’ailleurs
de ne pas adhérer trop longtemps. Ce qui importe c’est
le passage.
Il y a des esprits organisés qui font leurs valises, traversent
un pays ou y séjournent, puis… « font le tour
de la question ». Moi, ce sont plutôt les questions
qui m’entourent, m’encerclent, m’assiègent,
et je pare les coups comme je peux.
Le voyage ne vous apprendra rien si vous ne lui laissez pas aussi
le droit de vous détruire. C’est une règle vieille
comme le monde. Un voyage est comme un naufrage, et ceux dont le
bateau n’a pas coulé me sauront jamais rien de la mer.
Le reste c’est du patinage ou du tourisme.
Nicolas Bouvier. « le vide et le plein ».
Voyager pour découvrir nos enfants, d’autres âmes,
nous-mêmes…
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