tombeaux lyciens
HEU-REUX !
la cité engloutie
les flammes de Chimère
vérification des freins
legende
De Marmaris à Antalya

Réflexion faite, se rendre au Maroc pour Noël nous obligerait à presser le rythme. Puisque la famille ne pourra de toute façon pas être des nôtres pour ces festivités (trop cher, trop compliqué.. c’est vrai que c’est pas simple !), nous décidons de passer les fêtes entre Syrie et Turquie et de profiter de notre bien le plus précieux au cours de ce voyage : avoir le temps, ne pas se presser, ne pas tout voir mais pouvoir s’arrêter ici ou là, un jour ou plusieurs, quand l’envie nous en prend.

C’est exactement ce rythme que nous suivons depuis Marmaris : de petites étapes (une centaine de kilomètres) et des haltes dans des coins merveilleux.

A Köycegiz tout d’abord, au bord du lac du même nom. L’occasion de jeter un coup d’œil au site de Caunus et surtout aux fameux tombeaux lyciens creusés dans la falaise. L’occasion surtout de tester un bain de boue : il faut un peu de témérité ou d’inconscience pour se plonger dans ce bassin pas très engageant, aller chercher au fond de gros pâtés de boue et s’en enduire le corps… On se plongera ensuite avec délice (et tout autant d’inconscience) dans le bassin d’eau très chaude et sulfureuse (pas la peine de toute façon de chercher à en apercevoir le fond…).

L’étape suivante nous conduit un peu avant Fethiye : une nouvelle fois un camping idyllique s’offre à nous de façon tout à fait inattendue. Une crique superbe, gardée à l’horizon par un chapelet d’îlots, nous nous posons « les pieds dans l’eau », à quelques mètres du rivage. Il fait beau (toujours), le soleil est juste comme il faut (chaud mais pas brûlant comme en été), l’eau est bonne (24ºC ?) et vous voudriez qu’on ne soit pas HEU-REUX ??

Un petit bout de route plus loin et nous retrouvons des paysages côtiers dignes de la Croatie (sauf que la terre, quand elle affleure, est très rouge). La route surplombe la mer, vertigineuse. Nous faisons étape à Uçagiz. Encore un camping imprévu : minuscule, qui mériterait bien un peu d’entretien mais avec un bar qui remporte tous les suffrages : tout en bois, des coussins partout à l’orientale, des loupiottes de toute part… charmant ! Paul et Yan s’y amusent bien le matin, quand tout est fermé.
Nous louons un bateau et partons découvrir la baie de Kekova : l’eau est d’une belle transparence et permet de découvrir les ruines d’une cité engloutie. Plus loin, accroché aux rochers, un petit village grimpe vers les vestiges d’une forteresse hellénistique : la vue depuis le sommet est à couper le souffle, la mer, les îlots, la végétation rare et partout la caillasse.. A croire que les paysans du coin s’amusent à faire pousser des cailloux ! D’ailleurs, dans ces paysages si rudes, nous croiserons deux dromadaires.

Après Demre, nous vivons quelques sensations fortes : la route semble réellement suspendue au dessus de la mer et ce d’autant plus que des travaux d’élargissement la font ressembler à un gymkhana vertigineux par endroits.
Nous rejoignons Çirali : une belle et immense plage au fond d’une vallée encaissée. Le soir, à la nuit tombante, nous grimpons vers le site naturel de Chimaera, deux cents mètres de dénivelée que nos deux petits bonhommes graviront entièrement tout seuls… à notre plus grande fierté (et espoir… on devrait bientôt pouvoir se remettre doucement aux randonnées en montagne).
La légende raconte que Chimère, le dragon à trois têtes (une tête de lion, une de serpent et la troisième de chèvre), terrorisait la région en crachant un feu mortel sur quiconque tentait de s’en approcher. Mais Bellérophon en vint à bout grâce à des flèches plombées qui fondirent dans le corps du monstre. La Chimère (qui était donc une dragonne) se réfugia alors dans sa tanière, sous le mont Çirali, et ses flammes jaillissent toujours entre les rochers à Chimaera. Et pour preuve, nous sommes parvenus à la photographier.

Sur le plateau rocheux, le spectacle est fascinant : les anfractuosités dans le sol laisse échapper un feu qui brûle sans fin et qui est en fait alimenté par des émanations de méthane.
Ici ou là, les flammes se sont néanmoins éteintes (à moins que quelque touriste ne se soit amusé à les éteindre ?) et le jeu consiste à les rallumer… Cela plait beaucoup aux enfants !

Nous voilà maintenant à Antalya. Nous souhaitons profiter de notre passage dans une grande ville pour faire vérifier l’état des plaquettes de freins du 4x4 : après 12.000 kms, des descentes parfois raides et une caravane de 1,5 tonnes aux fesses… on pourrait penser que les freins se fatiguent un peu, non ?
Le patron du camping saute dans sa vieille Mercedes toute bringuebalante et nous amène, cahin-caha, dans une toute petite rue, l’une de ces rues des mécanos comme nous en avons vues dans de nombreux villages. L’atelier est effectivement spécialisé entre autre dans les Toyota. Deux heures plus tard (le petit jeune chargé de remonter la roue arrière a quelque peu peiné…), nous repartons, rassurés : nos plaquettes de freins sont impeccables, prêtes pour les routes de Syrie ou d’ailleurs !
Nous visitons la vieille ville d’Antalya : dévalant vers le minuscule port fortifié, les ruelles en pente sont bordées de splendides demeures ottomanes en pierre ou en pisé, dont le premier étage avance sur la rue ses magnifiques loggias en bois. Les petits patios débordent de bougainvillées et de clématites en fleurs, les oranges mûrissant doucement, les fontaines murmurent. C’est vraiment très chouette !